samson & proserpine ϟ stranger i've known you for so long ; «
Eh, regarde. » Ma cousine me montra du menton le joueur de Quidditch, assis sur l’une des pierres à proximité du lac noir. Je haussai un sourcil avant de la regarder. «
Oui et alors ? » Où voulait-elle donc en venir ? Cela faisait des années qu’elle lorgnait sur le garçon. Je devais avouer que ce dernier n’était pas désagréable à regarder, loin de là, j’aimais beaucoup ses cheveux blonds et ses yeux bleus mais ça s’arrêtait-là. Camille en pinçait pour lui depuis sa première année, je n’étais pas dupe mais je trouvais ça amusant la voir piétiner sur place et de l’entendre bégayer quand il lui adressait la parole. «
On dirait qu’il ne va pas bien. » affirma-t-elle après quelques secondes à l’admirer, les yeux plissés et le bout du nez retroussé. A mon tour, je l’observai quelques secondes. «
Qu’est-ce que ça peut nous faire, il a surement… je ne sais pas mais ce ne sont pas nos affaires, Camille. » Elle se tourna vers moi en penchant la tête en faisant la moue. Ce visage propre à la blonde. Je soupirai en roulant les yeux. «
Tu m’énerves. Tu n’as pas besoin de moi. » lui dis-je en me frottant la joue. «
Bien sûr que si ! Va lui parler, toi, ça fera moins étrange que si moi j’y allais, il va me prendre pour une fille collante. » Je la regardai quelques secondes, outrée. «
Et moi alors, tu t’en fiches si il me prend pour une fille collante ? » «
Tu ne lui as jamais parlé. » Elle me prit par les épaules, le sourire aux lèvres. «
C’est ça qui est bien, vas-y… s’il te plait, Proserpine ! » Je soufflai avant de remettre mon sac sur mon épaule en m’éloignant, marmonnant des paroles incompréhensibles pour autrui. J’arrivai au niveau du blond et, après quelques secondes d’hésitations, je pris la parole. «
Hum… Samson ? Camille se demandait si ça allait et… » Il se tourna vers moi, les yeux gonflés, la peau rougi. Je maudissais Camille de m’avoir mise dans une situation aussi embarrassante que celle-ci. Je n’avais pas d’autre choix que d’improviser et éviter de me prendre ses foudres. «
Qu’est-ce qui ne va pas ? » Je pris place à côté de lui, regrettant déjà ce que j’étais en train de faire. «
Qu’est-ce que ça peut te foutre, madame parfaite ? » Je ne répondis pas. J’étais bien placée pour savoir que répondre comme il l’avait fait été une simple défense. Il ne voulait pas en parler mais il ne voulait pas être seule, je pouvais le lire dans ses gestes de détresses. Je suis restée là, durant des minutes qui finirent par devenir des heures, jusqu’à ce qu’il se lève sans un mot pour rejoindre le château.
❃❃❃Il n’était pas rare de voir un capharnaüm comme celui-ci après un match de Quidditch, surtout lorsqu’il s’était déroulé sous une pluie battante. Quelques jours avaient été sérieusement amochés, le match avait été d’une rare violence. L’infirmerie était bondée et j’arrivai à peine à mettre un pied devant l’autre pour aller mettre ma veste sur le porte manteau. «
Proserpine, te voilà ! » L’infirmier semblait soulagé de ma voir, une première, il détestait que je reste dans ses pattes. «
Tu peux t’occuper du cinquième lit, il n’a pas grand-chose, tu devrais t’en sortir. » Je hochai la tête, un sourire jusqu’aux oreilles, c’était la première fois qu’il m’envoyait de son plein gré pour aider autrui. J’enfilai une blouse, qui ressemblait plus à un tablier à mes yeux, pour aller vers le cinquième lit où se tenait Samson. Je lâchai un soupire. Si Camille venait à le savoir, elle m’en ferait tout un cinéma pour en savoir un peu plus sur lui. Mais que lui trouvait-elle. «
Regardez qui voilà, Proserpine Pilliwickle, la discrète cousine de cette collante de Camille. Comment vas-tu ? » Je fronçai les sourcils. «
Fais attention à ce que tu dis, toi. » Je sortis l’un des cotons d’une jarre de verre pour l’imbiber de liquide transparent. Je posai ce dernier sur l’une de ses plaies en prenant bien soin d’appuyer sur celle-ci. Il grimaça. «
Quelle violence ! » Il éclata de rire, c’était le seul à s’esclaffait de la sorte. «
Mais vas-tu arrêter de faire l’idiot ? Je suis ici… » Il me coupa la parole sans honte. «
Pour aider les autres, je le sais, mais tu m’as déjà aidé. » Mon cerveau s’accéléra et je fus prise d’une violente panique que j’essayais de cacher. Je me contentai de froncer les sourcils. «
Je sais que je n’ai pas toujours été clément et que je ne t’ai jamais remercié mais… ça a été une période assez compliqué pour moi. Ma… mère était un peu comme ma meilleure amie, même si je ne la voyais jamais et t’avoir à côté de moi m’a fait du bien… tu ne cherchais pas à me réconforter, tu étais juste là, à attendre que ça aille mieux et tu n’as jamais rien demandé en retour. » Mon cœur reprit un rythme normal alors que je me hâtais à nettoyer le sang de sa joue. «
Tu veux venir avec moi à la sortie de Pré-au-Lard ? Question que l’on soit quitte. » Je levai les yeux vers lui. Qu’attendait-il au juste ? Je secouai la tête. «
Non. » Il me regarda, étonné de ma réponse comme je l’étais aussi. «
Si tu veux qu’on soit quitte, invite Camille à sortir avec toi, pas moi, laisse-lui une chance. Mais si jamais tu t’avises de lui faire du mal, tu auras affaire à moi et tu risques de le regretter amèrement. »
❃❃❃J'entendis un cri étouffé derrière moi. Surprise, je fis un écart, me cognant le flan sur l'arbre à côté de moi. Un hennissement de douleur. Je me redressai sur mes quatre sabot, les oreilles aux aguets, bougeant dans tous les sens. Un nouveau cri venant du nord me fit aller dans cette direction au petit trot. Je zigzaguai entre les arbres pour arriver devant une scène horrifique : quelqu'un se dressai face à l'un de ses loups, que j'avais déjà aperçu plus tôt dans la nuit, plus grand que la normale et aussi féroce qu'un loup-garou. Je baissai les oreilles. Hors de question que je mêle de cette histoire. Le loup grogna alors que le garçon eut un mouvement de recul, il finit par tomber sur les fesses, faisant voler sa baguette à quelques mètres plus loin. Je piaffai avant de sortir de ma cachette pour bousculer le loup qui tituba sous le choc. Je tournai la tête en hennissant vers le garçon.
Fuis ! hurlai-je sans qu'il puisse me comprendre. C'était Samson, ce maudit joueur de Quidditch trop collant, toujours pendu à l'infirmerie, le corps brisé par le sport. Prise au dépourvu, je ne prêtai plus attention au monstre. «
Attention ! » Trop tard. Le loup bondit sur moi pour m'attraper l'encolure de ses crocs puissants. Je hurlai intérieurement alors qu'un simple son de détresse raisonna dans la forêt. Je secouai la tête pour dégager cet animal en me cabrant ou levant les postérieurs mais rien n'y fit, il était comme prêt à en finir avec moi, contrarié de l'avoir dérangé dans sa chasse. Mon corps se faisait de plus en plus lourd et les forces me maquaient. Un dernier acte me poussa à foncer contre l'un des grands arbres de la forêt à quelques mètres de nous, le loup, écrasé entre le chêne et moi-même, lâcha prise en jappant. Un dernier élan de courage me fit cabrer devant cette sale bête qui me méritait que la mort, mais ma conscience me rattrapa. Si cet idiot de joueur de Quidditch n'était pas venu jusqu'ici, rien de tout ceci ne serait arrivé. Mes sabots s'écrasèrent à quelques centimètres du loup qui se leva précipitamment d'un pas boiteux. Je me tournai vers Samson qui avait regardé pacifiquement la scène, toujours à terre. Je m'approchai un peu, les oreilles en arrières, boitant, pour le renifler comme le ferait un animal. Encore sonné parce qu'il venait de se passer, il me regarda quelques instants avant de finir par dire : «
Merci. » Il approcha sa main pour me caresser le front mais je lui lançai un hennissement. Si j'avais été sous ma forme humaine, celui-ci aurait certainement ressemblé à un sermon.
Idiot de joueur de Quidditch, pensai-je en m'éloignant
❃❃❃«
Cheval ? » Je levai la tête de ma touffe d’herbe en frémissant des naseaux. Cette voix. Je pouvais la reconnaitre en mille. Je soupirai – à ma façon – alors que je le cherchai du regard. Samson sortit d’une partie épaisse de la Forêt Interdite. Au fond de moi, je savais qu’il allait revenir, j’avais évité de m’enfoncer aussi profondément dans la forêt que d’habitude. Son regard s’illumina lorsqu’il me vie. «
Te voilà ! » Je baissai les oreilles. Que voulait-il donc ? Encore nous attirer des ennuis ? J’avais déjà assez de mal à me remettre de mes blessures de la nuit dernière, je n’avais pas besoin d’un nouvel animal sur le dos aujourd’hui. Je reculai d’un pas alors qu’il s’avança vers moi. «
Je ne veux pas te faire de mal, je voulais te remercier. » Je secouai la tête, balançant ma crinière blanche de part et d’autre mon encolure.
Si tu pouvais me laisser tranquille, ce serait la plus belle des récompenses, me dis-je en le regardant d’un œil. Je soufflai avant de frotter mon nez contre sa joue pour lui tourner le dos par la suite, reprenant cette étude que j’avais sur cette plante. Était-elle comestible ou toxique ? Je sentis le parfum qu’elle dégageait, je regrettai immédiatement ma curiosité. Je fis un pas en arrière en toussant et frottant mon nez contre mon membre. «
C’est du dictamnus albus, tu m’aurais demandé, je t’aurais déconseillé de la sentir. »
Et comment je peux te demander, gros malin ? Se rendait-il compte qu’il parlait à un animal ? Je me posai la question. Il sortit quelque chose de sa poche avant de me le tendre.
Qu’est-ce que c’est encore de ça ? Je secouai la tête en faisant mine de me lever mais il ne prit la fuite, il continua d’avancer vers moi, la main tendu.